13 recommandations pour soutenir le développement culturel à Laval et assurer sa vitalité

Culture Laval prend part aux consultations prébudgétaires afin d’assurer des investissements porteurs et structurants pour le milieu culturel lavallois. Les recommandations proposées ici sont spécifiques à la région de Laval et se veulent complémentaires aux orientations générales pour le milieu culturel proposées par Culture Montréal, ainsi qu’à celles spécifiques au Réseau des conseils régionaux de la culture du Québec, que Culture Laval appuie. 

Préambule

Même si l’année 2024 est déjà entamée, la relance postpandémique et la période de reconstruction, qu’affrontent vaillamment les acteurs du milieu culturel et les créateurs, est plus longue et plus périlleuse qu’anticipé. La hausse des coûts pour l’ensemble des biens et des services, l’explosion des coûts de production, l’appauvrissement des personnes en raison de l’inflation, la rareté de la main-d’oeuvre, le retour timide des amateurs dans les salles de spectacles — qui n’ont toujours pas retrouvé les taux de fréquentation d’avant la pandémie —, les coupures des investissements fédéraux dans le milieu de la culture… Tous ces défis s’accumulent pour un milieu déjà fragilisé et il devient urgent que le gouvernement soutienne la reconstruction des écosystèmes culturels régionaux par des actions concrètes dès l’année 2024-2025. 

Pour que le gouvernement du Québec puisse réaliser sa vision Partout la culture sur le territoire lavallois, il est primordial d’augmenter les investissements publics dans la ville et la région, et ce, de manière significative. C’est dans cet esprit que, dans le cadre de la consultation prébudgétaire 2024-2025, Culture Laval propose 13 recommandations pour soutenir le développement culturel et en assurer la vitalité à Laval. 

13 RECOMMANDATIONS POUR SOUTENIR LE DÉVELOPPEMENT CULTUREL À LAVAL ET ASSURER SA VITALITÉ 

Pour que le gouvernement du Québec puisse réaliser sa vision Partout la culture sur le territoire lavallois, il est primordial d’augmenter les investissements publics dans la ville et la région, et ce, de manière significative. C’est dans cet esprit que, dans le cadre de la consultation prébudgétaire 2024-2025, Culture Laval propose 13 recommandations pour soutenir le développement culturel et en assurer la vitalité à Laval. 

Priorité 1 : Miser sur la culture dans les stratégies de développement régional et accroitre les investissements en culture à Laval 

Par le biais de ses programmes et appels à projets (FRR), le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) a largement contribué ces dernières années à renforcer le développement culturel territorial. Depuis trois ans, une entente directe entre le MAMH et la Ville de Laval permet en outre de supporter les actions priorisées par la région et inscrites au Plan de développement culturel de la région de Laval (PDCRL). Culture Laval salue l’établissement d’une telle entente qui reconnait la culture comme réel vecteur de développement territorial et économique, et qui s’inscrit dans une approche décentralisée. Pourtant, l’accès à la culture et la démocratisation de celle-ci ne sont pas les seuls éléments qui devraient être mis de l’avant dans une perspective de développement régional. Le rôle que peut jouer la culture dans un tel contexte est tentaculaire et se priver de tels leviers de développement pour nos communautés équivaudrait à un réel désengagement envers le plan régional que Laval s’est doté. 

01 – Culture Laval recommande au gouvernement d’augmenter les investissements consentis au MAMH pour favoriser le développement culturel territorial et le déploiement de stratégies concertées, intégrées et durables. 

La Ville de Laval, en partenariat avec divers acteurs tels que Culture Laval, Tourisme Laval, le Centre de services scolaire de Laval, la Chambre de commerce et d’industrie de Laval ainsi que le Regroupement d’organismes culturels et d’artistes lavallois (ROCAL), a démontré l’efficacité de son Plan de développement culturel de la région de Laval (PDCRL). Grâce à une approche décentralisée et concertée, la région a réussi à établir des priorités communes en matière de culture, illustrant ainsi un engagement fort envers son propre développement. Les trois premiers bilans du PDCRL ont mis en lumière les nombreux accomplissements effectués jusqu’à maintenant, dont la réalisation d’objectifs primordiaux et déterminants. Ces résultats renforcent l’appel à accorder davantage d’autonomie à la région dans la planification et la mise en oeuvre de son développement culturel, un encouragement adressé au gouvernement et au ministère de la Culture et des Communications

02 – Culture Laval recommande que le gouvernement reconnaisse le Plan de développement culturel de la région de Laval (PDCRL) comme le principal outil de planification du développement culturel régional et que les investissements gouvernementaux en matière de culture soient déterminés en fonction des priorités inscrites dans sa planification régionale. 

Malgré le fait que les accords de développement culturel représentent des instruments appropriés pour favoriser l’émergence de nouveaux projets, on constate un décalage notable entre les modalités, souvent rigoureuses, qui caractérisent ces programmes et les besoins pressants de garantir la pérennité des actions déjà engagées. Une amélioration financière de ces accords, conjuguée à une plus grande souplesse dans leur mise en oeuvre et à une reconnaissance accrue des compétences régionales, favoriserait une prise de décision plus agile dans la hiérarchisation des actions à entreprendre. Rappelons qu’en 2019, l’Outaouais a été reconnu comme étant une région souffrant de sous-financement public dans les secteurs de la santé, de l’éducation en enseignement supérieur et de la culture (Radio-Canada, 30 octobre 2019). En 2023, la région a pu bénéficier d’un rattrapage en culture, avec des investissements de 1,35 M $ dans le cadre du Fonds région et ruralité. Le Conseil régional de la culture de l’Outaouais a, quant à lui, reçu une somme de 750 000 $ sur 3 ans pour la mise en oeuvre de l’entente sectorielle de développement culturel de la région (représentant une bonification de 250 000 $) ainsi que des crédits supplémentaires totalisant 600 000 $ pour son projet de valorisation de l’offre culturelle en Ouatouais (Info Petite Nation, 3 mai 2023). 

03 – Culturel Laval recommande que le gouvernement reconnaisse le sous-financement de la région de Laval en matière de culture et augmente les investissements consentis dans une perspective d’équité nationale. 

Depuis 2015, la conclusion d’une entente de partenariat territorial entre la Ville de Laval et le Conseil des arts et des lettres du Québec a dynamisé le secteur artistique en lui donnant un levier financier inédit pour soutenir la recherche et le déploiement de projets portés par les organisations et les créateurs lavallois. Les effets positifs de ces nouveaux programmes sur le développement artistique de plusieurs artistes et organismes sont indéniables. Dans ce contexte, nous encourageons le gouvernement à poursuivre le déploiement de ces ententes, en augmentant par ailleurs substantiellement les crédits dédiés aux programmes lavallois. Cette augmentation pourrait notamment servir à financer davantage de projets provenant d’artistes locaux et supporter le fonctionnement des organisations, alors que le maintien à niveau des activités déjà en place peut devenir un réel obstacle au déploiement de nouveaux projets. 

04 – Culture Laval recommande que le gouvernement poursuive le déploiement des ententes de partenariat territorial CALQ-régions et augmente les crédits du CALQ dédiés à ces ententes.

L’enjeu lié aux infrastructures culturelles et aux bibliothèques est toujours considéré comme prioritaire à Laval. Si l’on se concentre uniquement sur les espaces dédiés à la recherche, à la production et à la création artistique professionnelle, on observe que Laval ne possède aucune infrastructure sur son territoire qui peut répondre aux exigences minimales de pratique des créateurs et des organismes artistiques professionnels. Le projet de construction du Centre de création artistique professionnel (CCAP) et de la Bibliothèque centrale, porté par la Ville de Laval en partenariat avec le ROCAL, permettra à terme de répondre à certains besoins criants, notamment en matière de création et de diffusion. Ce projet doit rester au coeur des priorités de la municipalité et du gouvernement, qui doivent tout mettre en oeuvre pour que l’infrastructure ouvre ses portes dans les meilleurs délais. 

05 – Culture Laval recommande que le gouvernement s’associe aux projets d’infrastructures culturelles jugés prioritaires par le secteur culturel et déjà inscrits dans la planification de la Ville, et qu’il participe à leur financement et à leur mise en oeuvre. 

Dans le même ordre d’idées, les artistes individuels réclament depuis longtemps d’être mieux soutenus et outillés dans le développement de projets d’espaces et d’ateliers locatifs liés à leurs pratiques de création et de production. Nous invitons le gouvernement à mettre en place des incitatifs et mécanismes propices à la mise sur pied d’ateliers pour les artistes individuels en association avec les décideurs locaux. 

06 – Culture Laval recommande que le gouvernement facilite le développement et la mise en oeuvre d’un réseau d’ateliers d’artistes à Laval par le biais de différents incitatifs, programmes et mécanismes.

Priorité 2 : Favoriser l’inclusion et la diversité tout en mettant de l’avant la langue française 

Le visage démographique de Laval est en constante évolution. Cette diversité est une richesse et nous devons collectivement continuer à promouvoir cet apport à la région. Les enjeux d’inclusion et de diversité sont au coeur des principes qui régissent la totalité de nos actions culturelles régionales. Les effets négatifs du racisme systémique se font encore sentir d’un trop grand nombre de résidents de Laval, et le secteur culturel doit poursuivre ses efforts pour être plus inclusif et transformer sa culture organisationnelle à la lumière de cette réalité. 

Il est aussi primordial pour Culture Laval que le français continue d’être valorisé comme langue commune d’expression et d’échange entre tous les citoyens. La transmission de la culture québécoise et du travail des créateurs francophones sur le territoire et à l’étranger constitue un levier à privilégier pour la sauvegarde du français. 

07 – Culture Laval recommande que le gouvernement mette en place des mesures pour augmenter la consommation de produits culturels francophones et assurer le rayonnement du travail des artistes, écrivains et organismes locaux à l’étranger.

Priorité 3 : Positionner et reconnaitre le patrimoine lavallois comme un élément clé de la vitalité du territoire 

Avec l’étalement urbain et la spéculation immobilière qui en découle, la mise en place d’une politique nationale de préservation du patrimoine bâti devient nécessaire si nous souhaitons conserver, transmettre et mettre en valeur notre histoire par le biais de l’architecture. Les propriétaires privés qui souhaiteraient participer à cet effort de conservation devraient pouvoir être appuyés et pris en charge plus rapidement et plus efficacement par le ministère de la Culture et des Communications. À l’heure actuelle, l’administration municipale lavalloise assume seule les coûts de son programme visant à soutenir les propriétaires privés dans leurs projets de conservation. Considérant les investissements à prévoir pour répondre aux demandes et offrir un incitatif réel, il nous apparait primordial que le gouvernement accepte d’apparier les investissements consentis par la Ville de Laval. 

08 – Culture Laval recommande la création d’un programme de financement apparié entre la Ville de Laval et le ministère de la Culture et des Communications, et accessible aux propriétaires privés désirant préserver le patrimoine bâti lavallois. 

En tant que troisième plus grande ville au Québec, la Ville de Laval devrait compter sur son territoire une institution muséale exclusivement dédiée à mettre en valeur, préserver et rendre accessible aux citoyens les nombreux artefacts et les nombreuses collections qui témoignent de l’histoire régionale. 

09 – Culture Laval recommande que le gouvernement finance et outille les organismes locaux afin de doter Laval d’un musée régional, pour la mise en valeur et la transmission de l’histoire lavalloise. 

Culture Laval salue les engagements du gouvernement relatifs aux institutions muséales en culture scientifique. Reconnues et financées dorénavant dans le programme d’aide au fonctionnement des institutions muséales (PAFIM), celles-ci bénéficient enfin d’un financement de base leur permettant de s’inscrire dans une perspective de développement à long terme. Il n’en demeure pas moins que le milieu muséal demeure sous-financé depuis des décennies, et que des mesures concrètes doivent être prises pour assurer la consolidation de ces institutions et permettre le plein déploiement de leur mandat. Malgré ce gain important, les institutions muséales sont peu soutenues dans leurs activités. 

10 – Culture Laval recommande au gouvernement d’augmenter substantiellement l’enveloppe dédiée au PAFIM afin de revaloriser le fonctionnement de base des institutions muséales. 

Priorité 4 : Améliorer les conditions de vie et de pratique des créateurs et accompagner les organismes et les professionnels du secteur culturel dans leur reconstruction 

La pénurie de main-d’oeuvre, annoncée depuis plusieurs années, frappe certes l’ensemble des secteurs économiques, mais est particulièrement impitoyable pour le secteur culturel. La pénurie de ressources humaines provoque une accélération de la croissance de la rémunération globale des employés. Ce phénomène désavantage les petites organisations, qui ne peuvent pas rivaliser avec les conditions offertes dans d’autres secteurs économiques ou au sein des grandes institutions culturelles publiques ou privées. 

Culture Laval salue l’annonce du Conseil des arts et des lettres du Québec du 13 avril 2022 qui prévoit des investissements supplémentaires de 29 M$ sur trois ans pour ses deux programmes de soutien au fonctionnement des organismes. Cette mesure se doit d’être généralisée à tous les programmes d’aide au fonctionnement offerts par le ministère de la Culture et des Communications et de ses sociétés d’État. À l’heure actuelle, les organisations culturelles ne peuvent que constater, impuissantes, l’exode de leurs talents et l’appauvrissement des personnes qui restent à leur emploi. 

11 – Culture Laval recommande que le gouvernement revalorise de manière substantielle le soutien financier au fonctionnement des organismes culturels professionnels reconnus et financés par le ministère de la Culture et des Communications et ses sociétés d’État. Ces sommes devraient être indexées annuellement afin de refléter l’inflation et l’augmentation globale de la masse salariale découlant de la pénurie de main-d’oeuvre.

Après avoir atteint une hausse inégalée en 40 ans de 6,8 % en 2022, l’Indice des prix à la consommation (IPC) a affiché sur une base annuelle moyenne une augmentation de 3,9 % en 2023 (Statistique Canada, Indice des prix à la consommation : revue annuelle, 2023). L’augmentation des coûts des aliments, des loyers et des modes de transport frappe encore plus difficilement les artistes et les travailleurs culturels, lesquels évoluent déjà dans un milieu offrant des conditions d’emploi insoutenables à court terme et dont la conciliation travail-vie privée est parmi les plus difficiles. La main-d’oeuvre et les créateurs travaillent sans filet social, cumulent de multiples rôles et réalisent au quotidien des tâches invisibles et non rémunérées. 

12 – Culture Laval recommande que le gouvernement mette sur pied des subventions et des programmes nationaux qui assurent de meilleures conditions socioéconomiques pour les artistes et les travailleurs culturels, et demande que ces mécanismes soient actualisés périodiquement.

Priorité 5 : Mobiliser les forces vives du milieu culturel pour accélérer la transition écologique 

La transition écologique est un sujet incontournable de la campagne électorale provinciale de 2022. Le milieu culturel doit prendre part aux efforts investis dans la transition écologique en adoptant des pratiques et des comportements durables et écoresponsables. Les forces vives du milieu culturel peuvent devenir de puissantes alliées pour la mise en oeuvre de cette transition écologique. Avec un financement adéquat, les acteurs du milieu culturel pourraient devenir des acteurs de changement en adoptant des pratiques écoresponsables qui visent la diminution des GES, en structurant leurs interventions en concertation avec les acteurs économiques et écologiques du territoire et en valorisant le rôle des arts et de la culture dans la transition écologique. 

13 – Culture Laval recommande que le gouvernement reconnaisse l’urgence de la situation climatique et mette rapidement en place des subventions et autres incitatifs financiers ainsi que des formations et des programmes d’accompagnement pour outiller les acteurs du milieu culturel dans l’accélération de la transition écologique des pratiques de création, de diffusion, de promotion, d’interprétation et de conservation. 

Conclusion

En conclusion, le rôle crucial de Culture Laval et de la culture en général dans le développement économique régional et la préservation de la langue française ne peut être sous-estimé. Puisque le développement économique régional et la protection de la langue française sont des priorités clés du gouvernement de la CAQ, il est impératif que celui-ci joue un rôle actif en apportant un soutien financier accru aux initiatives qui favorisent le développement régional par la culture. 

En favorisant la création artistique, en soutenant les artistes locaux et en encourageant les initiatives culturelles, Culture Laval, ses membres et ses partenaires contribuent activement à l’épanouissement de la communauté et à la vitalité économique de la région. En fournissant des subventions substantielles spécifiquement dédiées au secteur culturel de la région de Laval, le gouvernement de la CAQ peut renforcer significativement l’impact positif de ces initiatives, favorisant ainsi la croissance économique régionale tout en contribuant à la préservation et à l’épanouissement de la langue française. En investissant de manière proactive dans ces domaines, le gouvernement démontre son engagement envers le développement durable et la pérennité culturelle, créant ainsi un environnement propice à l’épanouissement tant économique que linguistique de la région.